Albanie

Road Trip en Albanie : L’Itinéraire Secret du Nord au Sud en 15 Jours

Surnommée « la perle des Balkans », l’Albanie vous offre un road trip inoubliable à travers des paysages à couper le souffle, une histoire riche et des plages paradisiaques. Tout ce qu’on aime ! Nous avons parcouru ce pays fascinant du nord au sud pendant 15 jours, découvrant ainsi ses sites emblématiques et des trésors cachés.

Notre itinéraire en Albanie s’étend sur environ 600 kilomètres, permettant d’explorer chaque région à un rythme agréable. Ce circuit de 15 jours est particulièrement attrayant pour les voyageurs au budget limité, car l’Albanie est l’un des pays les moins chers d’Europe, avec un coût de la vie environ 55% moins élevé qu’en France. Durant ce voyage en Albanie, nous avons alterné entre visites culturelles comme le Parc National de Butrint, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et moments de détente sur les plages paradisiaques du sud du pays.

Sommaire de l'article

Jour 1-2 : Krujë, immersion dans l'histoire albanaise

Notre road trip en Albanie commence dans la charmante ville de Krujë, située dans l’Albanie du Nord, à approximativement 30 km de Tirana. Cette ville historique offre un premier aperçu fascinant de l’histoire et de la culture albanaises.

Visite du château de Krujë

Le château de Krujë est sans conteste l’une des forteresses les plus emblématiques du pays. Construit entre le Vᵉ et le VIᵉ siècle, ce site historique a joué un rôle déterminant dans l’histoire albanaise. En effet, c’est ici même que le héros national Skanderbeg a mené sa résistance contre l’Empire ottoman au XVᵉ siècle.

En parcourant les remparts de cette citadelle médiévale, on se sent immédiatement transporté à l’époque où Skanderbeg défendait farouchement son territoire. Les Ottomans ont attaqué le château à trois reprises (en 1450, 1466 et 1467), mais n’ont jamais réussi à le conquérir durant la vie du héros. Cette forteresse imprenable a ainsi permis à Skanderbeg de protéger l’Albanie de l’invasion ottomane pendant plus de deux décennies.

Depuis les murailles, la vue panoramique sur les montagnes environnantes et la ville en contrebas est tout simplement spectaculaire. C’est un arrêt idéal pour débuter notre circuit en Albanie.

Mais qui est Skanderbeg ?

Gjergj Kastrioti, plus connu sous le nom de Skanderbeg, reste l’une des figures les plus emblématiques de l’histoire albanaise. Né vers 1405 dans une famille noble albanaise, il fut emmené très jeune à la cour ottomane comme otage selon la pratique du devshirme. Là-bas, il reçut une éducation militaire exceptionnelle et se convertit à l’islam, devenant rapidement l’un des généraux les plus respectés de l’Empire ottoman. Son intelligence tactique et son courage au combat lui valurent le surnom de « Skanderbeg » (Prince Alexandre), en référence à Alexandre le Grand.

Le tournant décisif de sa vie survint en 1443, lorsqu’il abandonna l’armée ottomane pour retourner en Albanie et embrasser à nouveau le christianisme. Reprenant le château paternel de Krujë par une ruse audacieuse, il unifia les seigneurs albanais sous sa bannière et proclama l’indépendance de l’Albanie. Pendant 25 années consécutives, de 1443 à 1468, il mena une résistance acharnée contre l’Empire ottoman, remportant bataille après bataille grâce à sa connaissance intime des tactiques ennemies et à sa maîtrise du terrain montagneux albanais.

Sa mort en 1468 marqua la fin d’une époque, mais son héritage perdure : Skanderbeg demeure le symbole de la résistance albanaise et de l’indépendance nationale, son aigle bicéphale orne le drapeau de l’Albanie.

Musée Skanderbeg

Au cœur du complexe du château se trouve le Musée National « Gjergj Kastrioti Skanderbeg », généralement appelé Musée Skanderbeg ou Musée de Krujë. Inauguré le 1er novembre 1982, ce musée est l’un des plus importants et des plus visités d’Albanie.

L’architecture du bâtiment, conçue par les architectes Pirro Vaso et Pranvera Hoxha, s’inspire des tours traditionnelles albanaises en pierre et de l’architecture romane médiévale. À l’intérieur, les sept niveaux spacieux exposent une riche collection d’objets datant de l’époque de Skanderbeg, disposés de manière à retracer chronologiquement sa vie et ses exploits militaires.

Parmi les pièces les plus remarquables figure la réplique du célèbre casque de Skanderbeg surmonté d’une tête de chèvre, dont l’original est conservé au Kunsthistorisches Museum à Vienne. On y trouve également des peintures, des armures et d’autres artefacts qui témoignent de l’une des périodes les plus glorieuses de l’histoire albanaise.

Néanmoins, il convient de noter que la plupart des panneaux d’information sont en albanais, ce qui peut rendre la visite un peu difficile pour les non-albanophones. Je recommande donc fortement de prendre un guide qui parle français pour profiter pleinement de ce musée.

Souks traditionnels

Pour compléter cette immersion historique, ne manquez pas le vieux bazar de Krujë, l’un des plus anciens du pays, datant du XVIIᵉ siècle. Cette rue pavée de 300 mètres regorge de boutiques d’artisanat local qui constituent la principale attraction touristique de la ville après le château.

En flânant dans ce dédale de ruelles étroites aux allures ottomanes, avec leurs hauts murs de pierre et leurs portes en arche, j’ai découvert un véritable trésor d’articles traditionnels albanais : vêtements faits main, accessoires, sculptures sur bois, poteries, tapis « qilim » tissés à la main, et les fameux chapeaux albanais appelés « qelesha ».

Pour ceux qui recherchent des souvenirs authentiques, c’est certainement le meilleur endroit de tout notre road trip Albanie pour faire des achats. Certaines boutiques abritent même de petits ateliers où l’on peut observer les artisans au travail, perpétuant des traditions séculaires.

À l’extrémité du bazar, presque sous le château, se dresse la Mosquée du Bazar (Xhamia e Pazarit), construite par les Turcs en 1533, quelques décennies après la conquête de la ville. Cette visite offre une transition parfaite vers la suite de notre itinéraire en Albanie.

Jour 3 : Durrës, entre plage et vestiges romains

Après avoir exploré Krujë, notre road trip en Albanie nous mène vers la côte Adriatique, à Durrës, deuxième plus grande ville du pays et port principal de l’Albanie. À seulement 30 km à l’ouest de Tirana, cette cité antique fondée au VIIème siècle av. J.-C. offre un contraste saisissant entre histoire millénaire et modernité balnéaire.

Amphithéatre romain et musée archéologique

Au cœur de Durrës se dresse un joyau archéologique impressionnant : l’amphithéâtre romain, construit au IIᵉ siècle sous l’empereur Trajan et détruit par deux tremblements de terre aux VIᵉ et Xᵉ siècles. Cet édifice monumental est le plus grand amphithéâtre romain jamais construit dans les Balkans, avec une capacité d’accueil autrefois estimée à 20 000 spectateurs.

L’amphithéâtre présente une forme elliptique avec des axes de 132,4 mètres sur 113,2 mètres, tandis que l’arène mesure 61,4 mètres sur 42,2 mètres et s’élève à 20 mètres de hauteur. Construit à flanc de colline, il comprend des escaliers et des galeries à différents niveaux. Parmi ses trésors préservés figure une chapelle avec des mosaïques ajoutées au VIᵉ siècle.

Bien que le site fonctionne actuellement comme un musée, il présente de sérieuses déficiences structurelles. Une section de l’arène elle-même a été construite avec des habitations modernes, ce qui menace sa préservation à long terme.

À proximité se trouve le Musée Archéologique de Durrës, établi en 1951, qui constitue le plus grand musée archéologique du pays. Situé près de la plage et au nord des murailles byzantines du VIᵉ siècle, il abrite une collection impressionnante de 3 204 artefacts provenant du site antique de Dyrrhachium.

Le musée présente une riche collection datant des périodes grecque antique, hellénistique et romaine. Parmi les pièces les plus remarquables figurent des stèles funéraires romaines, des sarcophages en pierre, et une collection de bustes miniatures de Vénus, témoignant de l’époque où Durrës était un centre de culte de la déesse.

Plages et promenade en bord de mer

La promenade maritime de Durrës s’étend le long de la mer Adriatique, formant un lieu de vie incontournable où la ville rencontre l’océan. Ce boulevard animé est bien plus qu’un simple passage – c’est véritablement le cœur battant de la vie sociale locale.

En me promenant le long de cette allée bordée de palmiers, je découvre une multitude de cafés accueillants et de restaurants proposant des fruits de mer fraîchement pêchés. La brise marine et le doux bruit des vagues créent une ambiance apaisante, parfaite pour une promenade tranquille ou un moment de contemplation face à l’horizon.

Conseils pratiques pour profiter pleinement de la promenade :

  • Visitez tôt le matin ou en fin d’après-midi pour éviter les foules
  • Essayez les spécialités de fruits de mer dans les restaurants du bord de mer
  • N’oubliez pas la crème solaire, particulièrement durant les mois d’été

Cette étape de notre road trip nous offre une pause relaxante avant de poursuivre notre exploration vers le sud Albanie, contrastant agréablement avec les sites historiques visités la veille.

Jour 4-5 : Tirana, capitale vibrante et colorée

Poursuivant notre circuit en Albanie, nous arrivons dans la capitale albanaise. Tirana nous surprend immédiatement par ses façades multicolores et son énergie contagieuse. Cette ville autrefois grise s’est métamorphosée en une capitale dynamique où tradition et modernité se côtoient harmonieusement.

Place Skanderbeg et ses alentours

Le cœur battant de Tirana est sans conteste la Place Skanderbeg, considérée depuis plus d’un demi-siècle comme le centre même de la ville. Cette place emblématique est dominée par l’imposante statue équestre de Gjergj Kastrioti Skanderbeg. Mesurant 11 mètres de hauteur, cette sculpture créée par l’artiste Odhise Paskali fut inaugurée en 1968, à l’occasion du 500ᵉ anniversaire de la mort du héros.

Entièrement rénovée, la place a rouvert ses portes le 10 juin 2017, se transformant en une immense zone piétonne – la plus grande des Balkans selon le maire Veliaj. Cet espace impressionnant s’étend sur près de 28 000 mètres carrés, pavés de dalles provenant de toutes les régions habitées par des Albanais. Le design forme une pyramide peu profonde dont le point culminant atteint environ 1,80 mètre en son centre.

Tout autour se dressent les principaux sites culturels de Tirana : le Musée National, la Tour de l’Horloge, la Mosquée Et’hem Bey, le Palais de la Culture, la Bibliothèque Nationale et le Théâtre de l’Opéra et du Ballet.

Quartier nocturne de Blloku

Pour la soirée, nous nous dirigeons vers Blloku, autrefois zone interdite réservée à l’élite politique communiste et aujourd’hui véritable épicentre de la vie sociale et culturelle de Tirana. Ce quartier branché incarne parfaitement la transformation de l’Albanie, passant de l’isolement à l’ouverture, de la dictature à la démocratie.

Reconnu comme le quartier le plus animé de la capitale, Blloku fourmille de locaux élégants et de visiteurs curieux. L’atmosphère énergique qui y règne est palpable dès les premiers pas dans ses rues vibrantes. La zone est particulièrement réputée pour sa vie nocturne dynamique, avec une multitude de bars stylés, de cafés chics et de restaurants gastronomiques répondant à tous les goûts.

Parmi les établissements incontournables figurent Serendipity (un restaurant mexicain), le Library Bar, Raum Bar, Mon Cheri et Sophie caffe. Les bars sur les toits ont particulièrement la cote, offrant des vues spectaculaires sur la skyline évolutive de Tirana et devenant des points névralgiques de la vie sociale, surtout en soirée.

La meilleure façon d’explorer Blloku reste à pied, permettant ainsi de s’imprégner de l’ambiance locale et de découvrir ses recoins cachés. Depuis la Place Skanderbeg, comptez une agréable promenade de 10-15 minutes à travers certaines des rues les plus emblématiques de Tirana.

Bunkart 1 et Mont Dajti

Pour notre second jour, nous explorons deux sites fascinants aux abords de Tirana. Bunkart 1, situé en périphérie de la ville, est un musée historique et artistique aménagé dans un immense bunker souterrain datant de l’époque communiste. Cette structure impressionnante comprend cinq étages et 106 salles, couvrant une superficie de 3 000 m². Construit sous le régime d’Enver Hoxha pour servir d’abri en cas de guerre, ce bunker est aujourd’hui l’une des attractions les plus visitées d’Albanie.

En pénétrant dans le musée, nous empruntons un long tunnel faiblement éclairé qui mène aux profondeurs du bunker. Les expositions offrent un aperçu saisissant de l’histoire albanaise à travers diverses périodes : l’invasion italienne de 1939, la diplomatie des années de guerre 1941-1945, l’occupation allemande et la résistance albanaise, jusqu’à l’établissement et la chute du régime communiste en 1990. Pour une visite complète, prévoyez au moins deux heures.

L’après-midi, nous prenons la direction du Mont Dajti, accessible via le téléphérique Dajti Ekspres. Ce trajet de 15-20 minutes sur le plus long téléphérique des Balkans (4,7 km) nous élève jusqu’au sommet à 1 050 mètres d’altitude. De là-haut, la vue panoramique sur Tirana, les montagnes environnantes et même la mer Adriatique est absolument époustouflante.

Au sommet, diverses activités nous attendent : randonnées, mini-golf, parc d’aventure, ou simplement détente dans l’air frais de la montagne. Cette escapade nature offre une pause bienvenue dans notre road trip en Albanie, permettant d’apprécier la capitale sous un angle différent avant de poursuivre vers le sud du pays.

Jour 6 : Divjake, nature et calme

Pour la sixième journée de notre road trip en Albanie, nous quittons l’effervescence de Tirana pour découvrir la sérénité de Divjake, un véritable havre de paix à environ 90 km de la capitale.

Parc national Divjake-Karavasta

Le Parc National Divjake-Karavasta, établi en 2007, s’étend sur 222,3 km² le long de la plaine de Myzeqe, face à la mer Adriatique. Ce joyau écologique est remarquable par la diversité de ses écosystèmes : zones humides, marais salants, prairies côtières, plaines inondables, forêts et estuaires.

En arrivant dans le parc, nous sommes immédiatement frappés par sa richesse naturelle exceptionnelle. La forêt de pins méditerranéens qui nous accueille est la seule forêt côtière préservée dans son état naturel en Albanie. Cette importance écologique a valu au site d’être reconnu internationalement comme Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux et des Plantes.

Le cœur du parc est sans conteste la lagune de Karavasta, la plus grande d’Albanie et l’une des plus vastes du bassin méditerranéen, couvrant une superficie de 42 km². Séparée de la mer Adriatique par une large bande de sable, cette lagune est classée zone humide d’importance internationale.

Pour les amateurs de biodiversité, ce parc est un véritable paradis abritant 228 espèces d’oiseaux, 25 espèces de mammifères, 29 espèces de reptiles et 29 espèces d’amphibiens. Parmi les mammifères rares, on peut notamment apercevoir le chacal doré et le renard roux, ainsi que des espèces menacées comme le chevreuil et la loutre.

Observation des pélicans et tour panoramique

L’attraction principale du parc reste toutefois le pélican frisé (ou dalmatien), espèce globalement menacée dont 5% de la population mondiale niche dans la lagune de Karavasta. Cette espèce emblématique représente le joyau ornithologique du site, d’autant plus que la lagune constitue le seul site de reproduction côtier de cette espèce le long des mers Adriatique et Ionienne.

Pour profiter pleinement de ce spectacle ornithologique, nous montons à la tour d’observation Kulla 360°, impressionnante construction en bois de 36 mètres de hauteur (13 étages). Initialement construite pour surveiller les incendies, cette tour offre aujourd’hui une vue panoramique à 360 degrés sur l’ensemble du parc. L’entrée est particulièrement abordable, à seulement 100 leks (environ 0,81 euros).

Le meilleur moment pour visiter est en fin d’après-midi, lorsque le soleil baignant le paysage d’une lumière dorée crée un spectacle inoubliable. Depuis les hauteurs, nous admirons les forêts luxuriantes, les lagunes miroitantes et les montagnes lointaines qui dessinent l’horizon albanais.

Outre les pélicans, nous avons la chance d’observer d’autres espèces remarquables comme les flamants roses, les échasses blanches, les pluviers à collier interrompu et les sternes naines. Cette immersion dans la nature sauvage constitue un moment fort de notre road trip en Albanie, contrastant magnifiquement avec les étapes urbaines.

Jour 7-8 : Berat, la ville aux milles fenêtres

Continuant vers le sud, notre road trip en Albanie nous conduit à Berat, surnommée « la ville aux mille fenêtres ». Cette cité exceptionnelle, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, témoigne de la coexistence pacifique des communautés religieuses et culturelles depuis le IVᵉ siècle avant J.-C. jusqu’au XVIIIᵉ siècle.

Quartiers Mangalem et Gorica

Le charme unique de Berat réside dans ses quartiers historiques qui s’étendent de part et d’autre de la rivière Osum. Le quartier Mangalem, traditionnellement musulman, grimpe sur le flanc droit de la colline au pied du château. Ses maisons blanches de style ottoman possèdent d’imposantes fenêtres en bois qui, en raison de la pente abrupte et de la construction serrée, semblent s’empiler les unes au-dessus des autres. Ce panorama saisissant, particulièrement visible depuis le quartier Gorica, a valu à Berat son surnom emblématique.

En flânant dans Mangalem, je découvre trois mosquées majestueuses : la Mosquée du Sultan (XVIᵉ siècle), l’une des plus anciennes d’Albanie, la Mosquée de Plomb, reconnaissable à son dôme recouvert de plomb, et la Mosquée des Célibataires du XIXᵉ siècle, construite pour les assistants de boutique et artisans juniors non mariés.

Le quartier Gorica, fondé au XVIᵉ siècle sur la rive opposée, était traditionnellement habité par la population chrétienne. Ces deux quartiers sont reliés par un pont en pierre datant de 1780, entièrement reconstruit dans les années 1920. Les maisons de Gorica, parmi les plus imposantes de Berat, abritaient autrefois la noblesse locale.

Château de Berat

Dominant la ville depuis une colline rocheuse culminant à 214 mètres d’altitude, le château de Berat constitue le point culminant de notre visite. La version actuelle de la forteresse date du XIIIᵉ siècle. Initialement incendié par les Romains en 200 av. J.-C., ses murs furent renforcés au Vᵉ siècle sous l’empereur byzantin Théodose II, puis reconstruits au VIᵉ siècle sous Justinien Ier et à nouveau au XIIIème siècle.

L’entrée principale est défendue par une cour fortifiée, complétée par trois entrées plus petites. Ce qui rend ce château véritablement exceptionnel est qu’il reste habité jusqu’à aujourd’hui, abritant environ 100 familles dans des maisons traditionnelles de l’ère ottomane.

À l’intérieur de l’enceinte, nous explorons un véritable musée à ciel ouvert avec près de 20 églises chrétiennes (principalement construites au XIIIᵉ siècle) et seulement une mosquée. Parmi les joyaux religieux, l’Église Sainte-Marie de Blachernae du XIIIᵉ siècle abrite des peintures murales du XVIᵉ siècle réalisées par Nikollë Onufri, fils du plus important peintre albanais post-médiéval, Onufri.

Justement, la cathédrale Saint-Nicolas, parfaitement restaurée, est aujourd’hui transformée en musée dédié à Onufri. Ce maître du XVIᵉ siècle révolutionna l’art de la fresque et des icônes en introduisant une nouvelle couleur, un rouge brillant que les Français nomment « Rouge d’Onufri ».

Jour 9-10 : Dhërmi, plages de rêve sur la Riviera albanaise

Laissant derrière nous les ruelles historiques de Berat, notre road trip en Albanie nous emmène au cœur du sud vers Dhërmi, véritable paradis caché de la Riviera albanaise. Ce petit village côtier niché entre la mer Ionienne et les montagnes offre certaines des plages les plus spectaculaires du pays.

Baignade, détente et eaux turquoises

Dhërmi abrite plusieurs plages de sable et de galets qui s’étendent sur environ 5 kilomètres le long de la côte. La plage principale, facilement accessible depuis le village, séduit par ses eaux cristallines aux teintes turquoise. L’eau est particulièrement propre dans cette région, classée parmi les meilleures d’Albanie pour la baignade.

En m’installant sur la plage, je suis immédiatement frappé par le contraste saisissant entre le bleu profond de la mer et les montagnes abruptes qui plongent presque directement dans l’eau. Cette proximité entre mer et montagne crée un microclimat unique, avec plus de 300 jours d’ensoleillement par an, rendant la baignade agréable même hors saison.

Pour ceux qui recherchent plus d’intimité, plusieurs criques discrètes sont accessibles en longeant la côte. La plage de Drymades, située à quelques minutes en voiture de Dhërmi, mérite également le détour avec son sable plus fin et son ambiance légèrement moins touristique. En fin d’après-midi, les petits bars de plage s’animent, offrant cocktails et musique face au coucher de soleil.

Conseils pratiques : prévoyez des chaussures aquatiques, car certaines plages sont composées de galets, et n’oubliez pas que les parasols et transats sont généralement payants (environ 500-1000 leks par jour).

Route panoramique Llogara Pass

Le second jour, nous reprenons notre road trip pour découvrir l’une des routes les plus spectaculaires des Balkans : le col de Llogara. Cette route serpente à travers le parc national du même nom, culminant à 1027 mètres d’altitude et offrant des panoramas à couper le souffle.

En montant depuis Dhërmi, chaque virage dévoile une nouvelle perspective sur la côte ionienne. La route, bien entretenue mais sinueuse, nécessite une conduite attentive, notamment dans les épingles les plus serrées. À mesure que nous prenons de l’altitude, la végétation change, passant du maquis méditerranéen aux pins noirs caractéristiques des Balkans.

Au sommet du col, une halte s’impose au restaurant panoramique où nous dégustons un café tout en admirant la vue vertigineuse sur la Riviera albanaise. Par temps clair, le regard porte jusqu’aux îles grecques de Corfou et d’Erikoussa. 

La légende raconte que Jules César emprunta ce même col pour poursuivre Pompée lors de leur guerre civile. Aujourd’hui, ce passage historique est devenu une étape incontournable pour les voyageurs explorant le sud Albanie, reliant parfaitement les étapes balnéaires de notre voyage.

Jour 11-12 : Gjirokastër, cité de pierre et patrimoine de l'Unesco

En quittant la côte ionienne, notre road trip prend un tournant vers l’intérieur des terres pour découvrir Gjirokastër, surnommée « la ville de pierre ». Cette cité médiévale perchée sur le flanc du mont Gjere est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005 pour son architecture ottomane exceptionnellement préservée.

Château et musée des armes

Dominant la vallée de la Drino, le château de Gjirokastër s’impose comme l’une des plus grandes forteresses des Balkans. Construit principalement au XIIᵉ siècle, puis agrandi par les Ottomans au XVIIᵉ siècle, ce bastion massif offre un panorama spectaculaire sur la ville et les montagnes environnantes.

À l’intérieur des murailles, le Musée National des Armes présente une collection fascinante retraçant l’histoire militaire albanaise. On y découvre notamment des armes de la préhistoire, des canons vénitiens, ainsi que des armes de la Seconde Guerre mondiale et de la résistance contre l’occupation nazie. Une section est également dédiée à l’avion espion américain U-2 abattu en 1957 durant la Guerre froide – témoignage de l’isolement du pays sous le régime communiste.

Ruelles pavées

En redescendant vers la ville, nous nous perdons volontairement dans le dédale de ruelles pavées qui font la renommée de Gjirokastër. L’originalité de cette cité réside dans ses maisons-tours (kullas) aux toits de pierre grise qui s’étagent sur la colline. Ces demeures fortifiées datant des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles appartenaient aux riches marchands et notables ottomans.

Certaines maisons historiques sont aujourd’hui transformées en musées ethnographiques, comme la maison Zekate ou la maison Skenduli. Chacune révèle l’architecture traditionnelle avec leurs façades austères dissimulant des intérieurs richement décorés de boiseries et de fresques.

Maison natale d'Enver Hoxha

Non loin du bazar se trouve la maison natale d’Enver Hoxha, dictateur qui dirigea l’Albanie d’une main de fer pendant près de 40 ans. Cette demeure typique du XIXᵉ siècle a été transformée en musée ethnographique, effaçant partiellement son lien avec le dirigeant communiste.

La visite offre néanmoins un aperçu intéressant de l’architecture locale et du mode de vie traditionnel. Les contrastes sont saisissants entre cette modeste maison et l’héritage controversé du dictateur qui isola l’Albanie du reste du monde pendant des décennies.

Gjirokastër constitue ainsi une étape culturelle majeure de notre circuit en Albanie, nous plongeant dans l’histoire complexe du pays avant de poursuivre notre road trip vers les plages de Saranda.

Enver Hoxha, le dictateur albanais

Enver Hoxha (1908-1985) reste l’une des figures les plus controversées de l’histoire albanaise du XXe siècle. Ce dirigeant communiste a marqué l’Albanie de son empreinte pendant plus de quatre décennies, transformant ce petit pays des Balkans en l’un des régimes les plus isolés et répressifs d’Europe. Son règne, qui s’étend de 1944 à sa mort en 1985, a façonné profondément la société albanaise et continue d’influencer le pays aujourd’hui.

Né dans une famille de classe moyenne à Gjirokastër, Hoxha a d’abord étudié en France avant de retourner en Albanie pour enseigner. C’est pendant l’occupation italienne puis allemande de l’Albanie durant la Seconde Guerre mondiale qu’il s’impose comme leader du Parti communiste albanais. Habile stratège politique, il parvient à éliminer ses rivaux et à prendre le contrôle du mouvement de résistance, ce qui lui permet d’accéder au pouvoir en 1944 après la libération du pays.

Une fois au pouvoir, Hoxha instaure rapidement une dictature impitoyable caractérisée par un contrôle total de la société. Il développe un système de surveillance omniprésent, élimine physiquement ses opposants et isole complètement l’Albanie du reste du monde. Sa politique d’autarcie extrême conduit le pays à rompre successivement avec la Yougoslavie, l’Union soviétique, puis la Chine, faisant de l’Albanie le pays le plus fermé d’Europe. Les purges constantes, les camps de travail et la répression systématique marquent son règne.

L’héritage d’Enver Hoxha demeure lourd pour l’Albanie moderne. Sa mort en 1985 ouvre la voie à une transition démocratique difficile, le pays devant rattraper des décennies de retard économique et social. Aujourd’hui encore, l’Albanie peine à surmonter les séquelles de cette longue période d’isolement et de répression, bien que le pays ait rejoint l’OTAN et aspire à intégrer l’Union européenne.

Jour 13-14 : Saranda et Ksamil, stations balnéaires et criques

Notre périple le long de la côte albanaise nous amène maintenant à Saranda et Ksamil, deux joyaux balnéaires du sud. Ces destinations offrent une pause détente idéale.

Saranda

Porte d’entrée officieuse de la Riviera albanaise, Saranda séduit par sa baie en fer à cheval bordée d’une promenade animée. Cette ville portuaire bénéficie de près de 300 jours d’ensoleillement par an, ce qui en fait une destination prisée pour les amateurs de plages.

La plage principale de Saranda, située en plein centre-ville, est la seule plage publique gratuite de la région. Autour d’elle s’étend l’emblématique promenade maritime où bars et restaurants proposent fruits de mer frais et cocktails colorés.

Pour plus de tranquillité, dirigez-vous vers Plazhi Era à l’ouest du centre-ville, où vous trouverez des transats pour environ 300 leks (3€). Plus à l’est, Flamingo Beach et Mango Beach offrent des eaux cristallines et des installations modernes à prix raisonnable.

Les amateurs de criques isolées apprécieront Monastery Beach, Mirror Beach et Pulebardha Beach, accessibles depuis la route principale entre Saranda et Ksamil. Ces plages cachées aux eaux turquoise constituent souvent les plus belles étapes de notre road trip en Albanie.

Ksamil

À seulement 15 km au sud de Saranda se trouve Ksamil, petit village côtier souvent comparé aux Maldives pour ses plages de sable blanc et ses eaux turquoise cristallines. Situé dans le Parc National de Butrint, ce paradis balnéaire attire foules de touristes en été.

La particularité de Ksamil réside dans ses quatre petites îles inhabitées accessibles à la nage ou en kayak depuis la plage principale. Ces îlots offrent de petites plages cachées idéales pour l’exploration.

Bon à savoir : contrairement à Saranda, presque toutes les plages de Ksamil sont privées. Comptez entre 1000 et 3000 leks (8-30€) pour deux transats et un parasol selon la saison. Paradise Beach reste la seule option gratuite dans sa partie sud.

Parmi les plages incontournables, Ksamil Beach 7 impressionne par son sable blanc poudreux et ses eaux peu profondes parfaites pour la baignade. Bora Bora Beach et Lori Beach offrent quant à elles une ambiance plus détendue avec moins de foule.

Jour 15 : Butrint, site archéologique incontournable

Pour le dernier jour de notre aventure albanaise, nous visitons Butrint, premier site albanais classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1992. Ce trésor archéologique, niché à 20 km au sud de Saranda et à 5 km de Ksamil, constitue la conclusion parfaite de notre circuit albanie 15 jours.

Visite du site archéologique

Butrint représente un véritable microcosme de l’histoire méditerranéenne, avec des vestiges datant du VIIIᵉ siècle avant J.-C. jusqu’au XIXᵉ siècle. En effet, ce site exceptionnel a été successivement influencé par les cultures grecque, romaine, byzantine, vénitienne et ottomane, créant un palimpseste architectural fascinant.

En entrant dans le parc (1000 leks pour les adultes et 500 leks pour les jeunes de 12 à 18 ans), nous suivons un chemin ombragé par une végétation luxuriante. Le site est ouvert de 8h jusqu’au coucher du soleil, avec le musée accessible de 9h à 19h en été.

Parmi les monuments incontournables, le théâtre antique grec du IIIᵉ siècle avant J.-C. impressionne par son état de conservation. Ensuite, nous découvrons le baptistère paléochrétien avec son magnifique sol en mosaïque, généralement recouvert pour des raisons de conservation, mais visible occasionnellement. La Grande Basilique du VIᵉ siècle, l’acropole et le château vénitien abritant un petit musée complètent notre visite.

La Porte du Lion, nommée d’après son relief sculpté représentant un lion attaquant un taureau, constitue également un point fort du site. Prévoyez au minimum 2 à 3 heures pour explorer cet ensemble archéologique extraordinaire.

Dernière baignade

Après cette immersion culturelle, nous profitons d’une dernière baignade dans les eaux cristallines du sud albanie. À quelques minutes du site archéologique, nous découvrons Pema e Thatë, une plage sereine où oliviers et cyprès rencontrent des eaux si claires qu’elles semblent retenir la lumière plutôt que simplement la refléter.

L’air parfumé d’herbes sauvages – origan, thym, sauge – nous rappelle que ces mêmes arômes accompagnaient déjà les voyageurs antiques. Ainsi, notre road trip en albanie s’achève comme il se doit, entre vestiges millénaires et beauté naturelle intacte.

Conseil pratique : pensez à apporter une protection anti-moustiques, de l’eau en quantité suffisante, et éventuellement un pique-nique à déguster parmi les ruines anciennes.

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